Au bout du rouleau?
Je ne sais pas pour vous, mais plusieurs de mes clients viennent actuellement me voir pour des besoins apparents — renforcer leurs « habiletés politiques », leur « présence exécutive », « gérer leur temps »… Et pourtant, en dessous du besoin exprimé, c’est souvent autre chose qui parle : la fatigue.
Cas réels
Je m’explique. Un client me dit vouloir développer ses habiletés politiques. En le questionnant, je découvre que le véritable enjeu se situe ailleurs : il a la mèche courte et doit apprendre à faire preuve de davantage de patience. Il doit composer avec les activités de ses enfants, jongler avec plusieurs responsabilités au bureau puisqu’il est expert dans plusieurs domaines. Il aime plaire et recherche la reconnaissance, mais il « en prend trop ». Résultat ? Il est fatigué.
Une cliente me dit qu’elle a de la difficulté à gérer son temps. Elle ne « voit plus clair ». J’aurais pu me limiter à son besoin d’organisation, mais j’ai senti qu’il fallait aller plus loin dans l’investigation. Elle m’avoue qu’elle est démotivée, qu’elle a de la difficulté à se concentrer et qu’elle a s’organiser puisqu’elle a plusieurs projets prioritaires. Elle « n’a plus d’énergie ces temps-ci ». Résultat ? Elle est fatiguée — et cette fatigue ronge ses capacités à faire, décider et avancer.
Dix ans. C’est le temps qu’une autre cliente m’a dit endurer cette fatigue constante. Elle s’y est habituée, comme à une compagne invisible. Sommeil insuffisant, peu d’activités physiques, alimentation non adaptée à ses besoins, accumulation de stress… et surtout cette impression d’être à plat, incapable d’initier le moindre geste pour aller mieux.
Coacher à contre-courant
Pour ma part, coacher en mode « contre-courant » n’a jamais porté fruit. Quand l’énergie est à plat, même les meilleures stratégies s’essoufflent. La visibilité, le réseautage, les ambitions… tout devient accessoire. On ne crée plus : on subit.
C’est pourquoi de plus en plus de coachs élargissent aujourd’hui leur champ d’action. Ils s’intéressent à l’humain dans sa globalité : ses cycles, ses habitudes, son sommeil, sa respiration, son énergie. Sans empiéter sur le rôle des spécialistes, ils privilégient une approche collaborative et référent au besoin vers les experts appropriés. Parce qu’avant de performer, il faut d’abord se recharger.
Le constat factuel : la fatigue au travail n’est plus “juste” un malaise, c’est une crise.
De nombreux articles soulignent que les jeunes ne dorment pas suffisamment.
Dans le monde des affaires, on observe également une hausse marquée de la somnolence diurne et des cas d’épuisement professionnel.
Il ne s’agit plus simplement de « mauvaises journées », mais bien d’un phénomène collectif préoccupant.
Et si l’on commençait à considérer davantage l’humain derrière le rôle, derrière le titre, derrière l’employé?
Quand la fatigue s’installe, ce n’est pas qu’une question de motivation. C’est tout votre système qui ralentit, votre énergie, votre clarté, votre présence. Ainsi, vous êtes dans un état qui :
rend plus difficile la gestion de l’attention, la clarté mentale, la planification ;
réduit la régulation des émotions (la « mèche courte », la frustration facile) ;
compromet l’influence et le leadership authentique — car l’énergie est la condition de base du charisme, de l’écoute, de la présence ;
interfère avec l’équilibre vie privée/travail (et paradoxalement accroît la charge mentale) ;
affecte la qualité de vos relations (au travail, à la maison) et la durabilité de vos efforts.
Autrement dit, avant de vouloir faire mieux, il faut d’abord être mieux.
Ignorer la fatigue, c’est essayer d’allumer un phare avec une batterie à plat.
Prévenir la fatigue
Le milieu de travail n’est pas toujours la cause de la fatigue, mais il peut certainement en être le levier de prévention. Mettre en place des mesures de soutien, encourager la récupération et favoriser des conditions saines, c’est investir à la fois dans la santé, la sécurité et la performance durable. Cela permet de diminuer les risques d’erreur et d’accident, ainsi que d’améliorer la productivité.
Un employé reposé, c’est une organisation qui rayonne.
En tant que leader, prévenir la fatigue n’est pas qu’un geste bienveillant — c’est une responsabilité et un véritable acte de leadership. Voici quelques pistes pour mieux surveiller et soutenir cet équilibre au sein de votre équipe :
· Évaluer les risques (horaires, surcharge, pression)
· Clarifier les attentes
· Favoriser la déconnexion
· Créer un climat sain et respectueux
· Encourager une hygiène de vie équilibrée, en prenant soin de nourrir le corps, apaiser l’esprit et recharger l’énergie.
Et surtout : les leaders aussi ont besoin de repos. Un leader fatigué ne peut pas inspirer longtemps.
Remettre l’énergie au centre
Quand notre énergie de fond s’épuise, ce n’est pas le moment d’ajouter, mais de simplifier. Voici trois gestes concrets pour remettre le courant :
Identifier la vraie source de fatigue — comprendre ce qui épuise vraiment : ex. la charge mentale, le manque de clarté des rôles, le rythme, le manque de limites afin de restaurer ce qui épuise.
Réorganiser ses priorités — fermer les fuites d’énergie et remettre de l’ordre entre ce qui compte et ce qui peut attendre.
Recharger consciemment — utiliser des habitudes saines, ex. repos, pauses, déconnexion… et pourquoi pas une séance de polarité pour raviver le flux vital.
On célèbre la performance et la productivité, mais on oublie souvent l’ingrédient essentiel : l’énergie. Quand la fatigue parle, c’est votre système qui demande un nouveau mode de vie. Écoutons-là.
Parce que lorsque l’humain se recharge, tout le reste se met à circuler.
Mylène Grégoire, M.Sc., BPsy, CRHA, PCC, FQM, est présidente, coach, mentore et praticienne en polarité chez Mymosa &CO Conseil inc. Elle est également autrice de 4 ouvrages dont 3 livres à succès, conférencière et fondatrice de deux formations en ligne : Brillez au boulot (formation approuvée par l’Ordre des CRHA) ainsi que De l’intuition au succès (From Gut To Success en anglais).